Plan de Départ Volontaire et ses indemnités – Guide 2025

Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises font appel au Plan de Départ Volontaire (PDV), privilégiant cette alternative moins conflictuelle au licenciement économique classique. Face à cette tendance croissante, comprendre ce dispositif et ses implications devient essentiel pour employeurs comme salariés.

Siganture de plan de départ volontaire

Qu’est-ce qu’un Plan de Départ Volontaire ?

Définition et objectifs du Plan de Départ Volontaire

Le plan de départ volontaire est un mécanisme permettant aux entreprises de réduire leurs effectifs sans recourir au licenciement contraint. Il repose sur un accord collectif ou une décision unilatérale de l’employeur, avec pour objectif principal d’éviter les licenciements économiques ou d’en limiter le nombre.

Concrètement, l’entreprise propose des conditions de départ attractives pour inciter les salariés à quitter volontairement leur poste. Cette démarche s’inscrit dans un cadre juridique précis, bien que le Code du travail ne réglemente pas explicitement le PDV en tant que tel.

Différence entre Plan de Départ Volontaire et licenciement économique

Le PDV se distingue fondamentalement du licenciement économique par plusieurs aspects :

Critère Plan de Départ Volontaire Licenciement économique
Nature du départ Rupture à l’amiable basée sur le volontariat Rupture imposée après procédure formelle
Base de sélection Volontariat exclusif des salariés Critères objectifs (ancienneté, charges familiales, etc.)
Indemnités Généralement plus avantageuses (« super-légales ») Indemnités légales minimum
Obligations Pas d’obligation de reclassement interne Obligation stricte de recherche de reclassement

Le plan de départ volontaire offre ainsi une flexibilité appréciable tout en préservant davantage le climat social de l’entreprise.

Pourquoi opter pour un Plan de Départ Volontaire ?

Le choix d’un Plan de Départ Volontaire présente des avantages distincts tant pour les salariés que pour les employeurs, mais comporte également des points de vigilance.

Les avantages pour le salarié du Plan de Départ Volontaire

Pour le salarié, le PDV peut représenter une opportunité intéressante de :

  • Bénéficier d’indemnités majorées, souvent nettement supérieures à celles d’un licenciement économique classique,
  • Accéder à des mesures d’accompagnement substantielles : formations qualifiantes, aide à la création d’entreprise, outplacement…,
  • Préserver son employabilité en évitant le stigmate d’un licenciement dans son parcours professionnel,
  • Percevoir des allocations chômage sans délai de carence particulier (contrairement à la rupture conventionnelle).

Ces conditions favorables permettent souvent d’envisager une reconversion professionnelle ou un nouveau départ dans de meilleures conditions.

personne quittant son entreprise avec des cartons dans le cadre d'un plan depart volontaire

Les avantages pour l’employeur du Plan de Départ Volontaire

Du côté de l’entreprise, le PDV présente plusieurs intérêts stratégiques :

  • Préservation du climat social en évitant les tensions liées à des licenciements contraints,
  • Possibilité de cibler certains postes ou fonctions précises dans la restructuration,
  • Opportunité de rajeunissement de la pyramide des âges si les seniors sont particulièrement ciblés,
  • Image employeur moins affectée qu’en cas de PSE médiatisé.

La dimension volontaire du dispositif permet généralement une transition plus apaisée et constructive.

Les inconvénients potentiels à prendre en compte

Toutefois, le Plan de Départ Volontaire n’est pas sans risques pour les parties prenantes :

Pour le salarié :

  • Absence de garantie de reclassement interne,
  • Décision parfois prise sous pression économique implicite,
  • Évaluation délicate des perspectives d’emploi futures.

Pour l’employeur :

  • Risque de départs non souhaités de compétences clés,
  • Coût financier immédiat important,
  • Possible contestation juridique si les motifs économiques sont fragiles.

Ces éléments doivent être minutieusement pesés avant tout engagement.

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Comment instaurer un Plan de Départ Volontaire ?

L’instauration d’un Plan de Départ Volontaire suit un processus structuré qui implique dialogue social, formalisation et validation administrative.

Les étapes de mise en œuvre

La mise en place d’un plan de départ volontaire s’effectue en plusieurs phases successives :

1. Phase préparatoire : l’entreprise identifie ses besoins de restructuration et évalue la pertinence du dispositif.

2. Consultation du CSE : information obligatoire sur les motifs économiques et les objectifs d’effectifs visés. Cette étape est fondamentale pour la légitimité du processus.

3. Élaboration de l’accord collectif qui doit impérativement préciser :

  • Le nombre maximal de départs autorisés,
  • La durée d’application du dispositif (généralement 3 à 6 mois),
  • Le montant des indemnités proposées,
  • Les mesures d’accompagnement (formations, outplacement…).

4. Validation par la DREETS (Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) qui vérifie la conformité du dispositif. À noter : le silence gardé pendant 15 jours vaut validation implicite.

5. Appel aux volontaires via communication interne, suivi de l’examen des candidatures selon les critères objectifs définis.

L’ensemble du processus doit être transparent et documenté.

Le rôle du Comité Social et Économique (CSE) dans le plan de départ volontaire

Le CSE joue un rôle déterminant dans la mise en place d’un PDV efficace et équitable. Ses prérogatives incluent :

  • La consultation obligatoire sur le projet, ses motivations économiques et ses modalités,
  • La négociation des critères de sélection et des conditions de départ,
  • Le suivi de la mise en œuvre du plan.

Les représentants du personnel doivent être en mesure d’accéder à toutes les informations pertinentes pour évaluer la légitimité du plan de départ volontaire et garantir l’équité du traitement des candidatures.

Plan de départ volontaire autonome vs Plan de départ volontaire intégré à un PSE

Deux configurations principales peuvent être envisagées :

  • Le Plan de Départ Volontaire autonome constitue une démarche indépendante où l’employeur s’engage à ne procéder à aucun licenciement contraint pour les postes concernés par le plan. Il bénéficie d’une procédure plus légère.
  • Le PDV intégré à un PSE s’inscrit comme une première phase d’un Plan de Sauvegarde de l’Emploi plus global. Si le nombre de départs volontaires s’avère insuffisant, l’entreprise peut alors déclencher la phase de licenciements contraints selon l’ordre préétabli.

La différence n’est pas seulement procédurale mais impacte aussi les garanties offertes aux salariés et la nature des contrôles administratifs.

Le calcul des indemnités de départ volontaire

L’attractivité d’un plan de départ volontaire repose largement sur les indemnités proposées aux salariés volontaires, généralement supérieures aux indemnités légales de licenciement.

Les facteurs influençant le montant des indemnités

Le montant des indemnités de départ volontaire est déterminé par plusieurs paramètres clés.

L’ancienneté constitue le critère principal, avec des formules comme :

  • 1/5e de mois de salaire par année d’ancienneté,
  • Majoration possible pour les anciennetés longues (ex: 1/3 de mois supplémentaire au-delà de 10 ans),
  • Plafonnement éventuel (souvent à 18-24 mois de salaire).

Le salaire de référence est généralement :

  • Le dernier salaire mensuel brut,
  • Ou la moyenne des 3 ou 12 derniers mois si plus favorable.

Les conventions collectives peuvent prévoir des dispositions plus avantageuses, particulièrement dans certains secteurs comme l’automobile ou la banque.

À titre d’exemple, un salarié avec 15 ans d’ancienneté pourrait percevoir entre 3 et 10 mois de salaire selon la formule retenue et le secteur d’activité.

salarié s'apprêtant à signer son plan de départ volontaire

Le régime fiscal et social des indemnités

Les indemnités de départ volontaire bénéficient d’un régime fiscal et social partiellement favorable :

  • Exonération fiscale possible dans la limite du montant de l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement, et plafonnée à 2 PASS (Plafond Annuel de la Sécurité Sociale),
  • Exonération de cotisations sociales dans la limite de 2 PASS, hors CSG-CRDS,
  • Assujettissement au forfait social de 20% pour l’employeur sur la part exonérée.

Ce régime doit être analysé avec attention, car il diffère selon que le plan de départ volontaire s’inscrit ou non dans un PSE et selon la situation personnelle du salarié.

Indemnités de départ volontaire dans la fonction publique d’État

Le secteur public dispose de son propre cadre réglementaire pour les départs volontaires, avec des spécificités importantes.

Les conditions et les démarches spécifiques

Dans la fonction publique d’État, l’indemnité de départ volontaire (IDV) obéit à des règles précises :

  • Elle est accessible aux fonctionnaires et contractuels en CDI dans le cadre d’une restructuration de service ou pour création/reprise d’entreprise,
  • Son montant est plafonné à 24 mois de rémunération brute annuelle,
  • Les conditions d’attribution sont fixées par arrêtés ministériels spécifiques.

La procédure requiert généralement :

1. La demande écrite de l’agent

2. L’accord de l’administration

3. La démission formelle de l’agent

4. Le versement de l’indemnité après cessation définitive de fonctions

Des exclusions existent notamment pour les agents à moins de 5 ans de l’âge d’ouverture de leurs droits à pension.

Les droits au chômage pour les agents publics

Les agents publics bénéficiaires d’un PDV ont accès à l’assurance chômage, puisque leur départ, bien que volontaire, s’inscrit dans un cadre reconnu de séparation légitime.

Points essentiels à connaître :

  • Versement de l’Allocation d’Aide au Retour à l’Emploi (ARE),
  • Calcul basé sur les rémunérations perçues durant la période de référence,
  • Période d’affiliation nécessaire identique au secteur privé.

Ces droits constituent un filet de sécurité important pour les fonctionnaires engagés dans cette démarche.

Le Plan de Départ Volontaire à l’approche de la retraite

Les salariés en fin de carrière représentent souvent une cible privilégiée des Plans de Départ Volontaire, avec des dispositifs spécifiques.

Distinction entre retraite volontaire et PSE

Il convient de bien distinguer :

  • Le départ volontaire préretraite dans le cadre d’un PDV, qui permet une cessation anticipée d’activité avec indemnités majorées et possibilité de percevoir des allocations chômage,
  • La mise à la retraite qui relève d’une autre procédure juridique et génère différents droits.

Cette distinction est fondamentale, car les régimes juridiques, fiscaux et sociaux diffèrent considérablement.

Les indemnités de départ à la retraite

Pour les seniors proches de la retraite, le Plan de Départ Volontaire peut offrir un pont financier intéressant :

  • Cumul possible entre indemnité de départ volontaire et future indemnité de départ à la retraite,
  • Régime fiscal potentiellement plus avantageux que la retraite classique,
  • Solutions d’accompagnement spécifiques jusqu’à l’âge légal de départ.

Certaines entreprises proposent des dispositifs de préretraite avec :

  • Versement d’une rente temporaire,
  • Maintien partiel de la couverture sociale,
  • Capitalisation des trimestres manquants.

Ces mécanismes doivent être soigneusement évalués au regard de leur impact sur les droits à pension futurs.

Les aspects juridiques du Plan de Départ Volontaire

Le cadre juridique du Plan de Départ Volontaire mérite une attention particulière pour sécuriser la démarche.

La validité et la contestation des motifs économiques

Bien que basé sur le volontariat, le Plan de Départ Volontaire doit reposer sur un motif économique réel et sérieux :

  • Difficultés économiques avérées,
  • Mutations technologiques,
  • Réorganisation nécessaire à la sauvegarde de la compétitivité,

En cas de contestation, le juge prud’homal peut :

1. Examiner la réalité des difficultés économiques invoquées

2. Vérifier l’absence de détournement de procédure

3. Contrôler le respect des engagements pris envers les salariés

Une jurisprudence constante confirme que l’absence de motif économique réel peut entraîner la requalification du départ volontaire en licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Les sanctions en cas de mauvaise foi de l’employeur

Les tribunaux sanctionnent sévèrement les employeurs qui instrumentaliseraient le Plan de Départ Volontaire :

  • Nullité possible de la rupture du contrat de travail,
  • Dommages et intérêts pour préjudice moral et matériel,
  • Réintégration potentielle du salarié.

Particulièrement sensibles sont les situations où :

  • L’employeur refuse arbitrairement des candidatures répondant aux critères établis,
  • Les conditions de départ annoncées ne sont pas respectées,
  • La pression exercée compromet le caractère volontaire du départ.

Ces risques juridiques soulignent l’importance d’une mise en œuvre transparente et loyale du plan de départ volontaire.

En conclusion, le Plan de Départ Volontaire reste un dispositif complexe dont la réussite dépend de la qualité du dialogue social et de la transparence du processus. Bien conçu et déployé avec méthode, il peut représenter une solution équilibrée répondant aux besoins de transformation de l’entreprise tout en préservant les intérêts des salariés concernés.