
Le harcèlement au travail est un sujet d’une importance cruciale dans le monde professionnel. En effet, il constitue une violation grave des droits fondamentaux des travailleurs et peut avoir des conséquences dévastatrices tant sur le plan personnel que sur le plan organisationnel.
Le harcèlement au travail ne se limite pas à un simple conflit entre collègues. Il s’agit d’une forme de violence psychologique ou physique qui peut entraîner des dommages profonds pour la santé mentale, émotionnelle et physique des individus concernés. En outre, il crée un climat toxique au sein de l’entreprise, nuisant à la productivité, à la satisfaction au travail et à la réputation de l’organisation.
Définition du harcèlement au travail
Le harcèlement au travail est défini comme un comportement abusif, répété et indésirable qui porte atteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologique d’une personne dans le cadre de son emploi. Cette définition est souvent codifiée dans la législation du travail de nombreux pays afin de protéger les travailleurs contre cette forme de maltraitance.
En France, par exemple, le harcèlement au travail est défini dans le Code du travail (article L1152-1) comme « le fait de subir des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel ».
Les différentes formes de harcèlement au travail
Qu’est-ce que le harcèlement moral au travail ?
Le harcèlement moral au travail est défini par l’article L1152-1 du Code du travail comme :
« Des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptibles de porter atteinte aux droits et à la dignité du salarié, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. »
Quelques exemples concrets : critiques incessantes, isolement, surcharge ou absence de travail, propos humiliants, pression managériale excessive.
Ce qu’il faut retenir :
- Les actes doivent être répétés (au moins deux fois).
- Ils doivent avoir un impact négatif sur les conditions de travail.
- L’intention de nuire n’est pas requise pour que le harcèlement soit reconnu.
- Le harcèlement peut être le fait d’un supérieur, d’un collègue, d’un subordonné, voire d’un tiers extérieur à l’entreprise.
Le harcèlement moral constitue une infraction pénale, punie de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende (article 222-33-2 du Code pénal).
Qu’est-ce que le harcèlement sexuel au travail ?
Le harcèlement sexuel est défini par l’article L1153-1 du Code du travail. Il s’agit :
« De propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste répétés, qui portent atteinte à la dignité de la personne, ou créent un environnement intimidant, hostile, humiliant ou offensant. »
💡 Un seul acte peut suffire en cas de pression grave exercée pour obtenir un acte sexuel (article 222-33 du Code pénal).
Exemples de harcèlement sexuel en entreprise : remarques déplacées, gestes inappropriés, envois de messages à caractère sexuel, chantage à la promotion contre des faveurs sexuelles, etc.
Le harcèlement sexuel est également un délit, puni de 2 ans de prison et 30 000 € d’amende, voire plus en cas de circonstances aggravantes.
Le harcèlement discriminatoire
Il se produit lorsque des discriminations sont exercées à l’encontre d’un individu en raison de son origine, son sexe, son âge, son handicap, sa religion, son orientation sexuelle ou toute autre caractéristique protégée par la loi. C’est par exemple, refuser des promotions à des employés en raison de leur appartenance ethnique ou congédier une personne en raison de sa grossesse constituent des formes de harcèlement discriminatoire.
Harcèlement moral ou harcèlement sexuel : tableau récapitulatif
Critères | Harcèlement moral | Harcèlement sexuel |
---|---|---|
Répétition requise | Oui | Oui (sauf en cas de pression grave) |
Impact | Dégradation des conditions de travail | Atteinte à la dignité / ambiance hostile |
Intention de nuire | Non nécessaire | Non nécessaire |
Auteurs possibles | Supérieur, collègue, subordonné, tiers externes | Toute personne dans ou hors hiérarchie |
Sanctions | 2 ans prison / 30 000 € d’amende | Idem (avec aggravations possibles) |
Pourquoi connaître la définition du harcèlement au travail est essentiel ?
- Pour prévenir les risques psychosociaux (RPS) au sein des équipes.
- Pour permettre aux salariés de reconnaître une situation de harcèlement.
- Pour respecter les obligations légales de prévention imposées à l’employeur.
- Pour mettre en place des actions concrètes de sensibilisation, de signalement et de traitement des situations.
Découvrez comment reconnaître et agir face au sexisme au travail. Des conseils concrets pour les victimes, les témoins et les entreprises.
Les signes et les conséquences du harcèlement au travail
Description des signaux de harcèlement au travail
La reconnaissance des signes de harcèlement au travail est essentielle pour intervenir rapidement et efficacement. Ces signaux peuvent varier d’une situation à l’autre, mais certains indicateurs courants peuvent alerter sur la présence de harcèlement, notamment :
- Changements soudains de comportement ou d’attitude chez un employé, tels que l’isolement, la nervosité accrue, ou des signes évidents de détresse émotionnelle.
- Une diminution de la performance au travail malgré des compétences et des capacités évidentes.
- Des plaintes répétées concernant un comportement inapproprié ou des commentaires offensants de la part d’un supérieur hiérarchique, d’un collègue ou d’un subordonné.
- Des rumeurs persistantes au sein de l’entreprise concernant des interactions inappropriées ou des situations de harcèlement.
- Une augmentation de l’absentéisme ou des départs soudains d’employés de l’entreprise sans explication claire.
Ces signaux, lorsqu’ils sont observés de manière répétée ou persistante, peuvent indiquer la présence de harcèlement au travail et nécessitent une intervention immédiate de la part de la direction ou des ressources humaines.
Analyse des impacts psychologiques, émotionnels et professionnels
Les effets dévastateurs du harcèlement au travail s’étendent bien au-delà de la sphère personnelle des victimes. Ils laissent des marques profondes et durables sur leur bien-être psychologique, émotionnel et professionnel. Ces conséquences sont souvent sournoises et insidieuses, se manifestant par un stress chronique et une anxiété persistante, entraînant des maux de tête lancinants, des nuits agitées et des troubles digestifs.
La dépression et la détresse émotionnelle peuvent également s’installer insidieusement, jetant un voile sombre sur l’enthousiasme professionnel et nourrissant un sentiment d’impuissance et de désespoir. La perte de confiance en soi qui en découle peut alors ébranler les fondations mêmes de l’assurance personnelle, rendant difficile la navigation dans les interactions quotidiennes avec les collègues et l’accomplissement des tâches professionnelles avec conviction.
Les répercussions s’étendent également à la sphère publique, affectant la réputation et les perspectives de carrière de la victime. Les obstacles pour retrouver un emploi ou progresser dans sa carrière peuvent alors sembler insurmontables.
Ces effets, loin d’être isolés, peuvent également peser lourdement sur l’ensemble de l’organisation. C’est pourquoi il est impératif de prendre des mesures résolues pour prévenir et éradiquer le harcèlement au travail, afin de préserver non seulement le bien-être individuel, mais également la santé et la vitalité de l’entreprise dans son ensemble.
En résumé :
Conséquences sur la victime :
- Problèmes de santé mentale : dépression, troubles du sommeil, diminution de l’estime de soi, perte de confiance en soi en plus de ce qu’on a cité en début du texte.
- Troubles physiques : douleurs musculaires, une tension artérielle élevée, etc.
- Isolement social : Les victimes de harcèlement au travail peuvent se sentir isolées et exclues.
- Impact professionnel : Baisse de la motivation, une diminution des performances au travail, des difficultés à se concentrer et un risque accru d’absentéisme.
Conséquences sur l’entreprise :
- Climat de travail néfaste : Entraînement d’une baisse de la productivité globale et de la satisfaction des employés.
- Augmentation du taux d’absentéisme : absentéisme en raison de problèmes de santé physique et mentale.
- Rotation du personnel : Les employés qui sont victimes de harcèlement peuvent décider de quitter l’entreprise. Résultat : taux de rotation élevé du personnel et coûts supplémentaires liés au recrutement et à la formation de nouveaux employés.
- Image de l’entreprise : Le harcèlement moral peut nuire à la réputation de l’entreprise, tant en interne qu’en externe, en créant une perception négative de son environnement de travail et de ses pratiques.
Bon à savoir :
De manière générale, le harcèlement est un délit !
Certaines sanctions sont à prendre en compte pour l’harceleur :
- Au niveau des sanctions disciplinaires : Avertissements, blâmes, mutations ou licenciements de la part de l’employeur à l’encontre de l’harceleur.
- Dommages et intérêts : La victime de harcèlement au travail peut demander des dommages et intérêts pour préjudice moral et matériel. Le montant des dommages et intérêts est déterminé en fonction des circonstances du harcèlement et des répercussions sur la victime.
- Poursuites pénales : Si le harcèlement au travail est considéré comme constituant une infraction pénale, le harceleur peut faire l’objet de poursuites pénales. Ainsi, ce qu’il faut savoir, c’est que le harcèlement moral est un délit punissable de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. Dans certains cas graves, des peines plus sévères peuvent être prononcées !

Mise en lumière des répercussions négatives sur le climat organisationnel et la productivité
Le harcèlement au travail crée un climat toxique et dysfonctionnel au sein de l’entreprise, ce qui peut avoir des répercussions néfastes sur la productivité et la performance globale de l’organisation. Parmi les conséquences sur le climat organisationnel, on peut citer :
- Une diminution de la confiance et de la cohésion entre les membres de l’équipe, entraînant une communication inefficace et des conflits interpersonnels.
- Une culture du silence et de la peur, où les employés sont réticents à signaler des comportements inappropriés de peur de représailles ou de stigmatisation.
- Une augmentation de l’absentéisme, du turn-over et des congés de maladie liés au stress et aux problèmes de santé mentale.
- Une réputation ternie et une perte de crédibilité auprès des clients, des partenaires commerciaux et du public en général.
En mettant en lumière ces répercussions négatives, il devient évident que le harcèlement au travail n’est pas seulement un problème individuel, mais un problème qui concerne l’ensemble de l’organisation.
La prévention et la gestion du harcèlement au travail
Présentation des mesures préventives
Élaboration d’une politique claire et explicite
Les entreprises devraient élaborer et diffuser une politique de tolérance zéro en matière de harcèlement au travail. Cette politique doit définir clairement ce qui constitue du harcèlement, préciser les conséquences pour les contrevenants, et garantir la confidentialité et l’absence de représailles pour ceux qui signalent des cas de harcèlement.
Formation et sensibilisation
Organiser des formations régulières sur la prévention du harcèlement au travail pour tous les employés est crucial. Ces formations devraient inclure des informations sur les différents types de harcèlement, les signes précurseurs, les conséquences et les méthodes de signalement. Les gestionnaires et les dirigeants devraient également recevoir une formation spécifique sur la manière de gérer les situations de harcèlement et de soutenir les employés concernés.
Voici quelques formations pour prévenir le harcèlement en entreprise :
- Identifier et prévenir les situations de harcèlement sexuel et agissements sexistes
- Identifier et prévenir les situations de harcèlement moral
- Former les référents harcèlement
- Savoir mener une enquête interne
Promotion d’une culture du respect et de l’inclusion
Les entreprises doivent encourager une culture organisationnelle fondée sur le respect, la diversité et l’inclusion. Cela peut passer par la promotion de valeurs telles que le respect de la dignité de chacun, l’écoute active, l’empathie et le soutien mutuel. Les dirigeants doivent montrer l’exemple en adoptant ces comportements et en veillant à ce qu’ils soient respectés à tous les niveaux de l’organisation.
Mise en place de mécanismes de signalement accessibles
Les entreprises doivent mettre en place des mécanismes de signalement accessibles et sûrs pour permettre aux employés de signaler en toute confidentialité des cas de harcèlement. Cela peut inclure la création d’une ligne d’assistance téléphonique anonyme, d’une boîte de réception électronique dédiée ou d’un processus de signalement en ligne sécurisé.
Évaluation régulière et révision des politiques et procédures
Les entreprises devraient régulièrement évaluer l’efficacité de leurs politiques et procédures de prévention du harcèlement et les réviser au besoin. Cela peut impliquer la collecte de données sur les plaintes de harcèlement, la réalisation d’enquêtes sur le climat social, et la consultation des parties prenantes internes et externes pour identifier les lacunes et les possibilités d’amélioration.
Pour réagir au harcèlement, il est crucial d’encourager les victimes à parler, en leur offrant un soutien et une écoute bienveillante, et de les inciter à documenter soigneusement les incidents. Il est également important de les informer sur les canaux de signalement disponibles, comme les ressources humaines ou les lignes d’assistance anonymes. De plus, les témoins doivent être encouragés à intervenir et à signaler l’incident, tout en leur offrant un soutien pour assurer leur sécurité et leur protection contre les représailles.

Importance de la mise en place d’une politique de tolérance zéro et de mécanismes de signalement
La mise en place d’une politique de tolérance zéro contre le harcèlement envoie un message clair : aucune forme de harcèlement n’est tolérée en entreprise. Cela instaure un climat de confiance où les employés se sentent en sécurité pour signaler les comportements inappropriés. De plus, la disponibilité de mécanismes de signalement accessibles permet une détection rapide des cas de harcèlement, favorisant ainsi des mesures préventives et correctives appropriées.
Ces politiques protègent également les victimes et les témoins, offrant un cadre sûr pour signaler les incidents et garantissant une réponse efficace de l’entreprise. En investissant dans ces politiques, les entreprises contribuent à créer un environnement de travail respectueux, inclusif et sûr pour tous leurs employés.
Chiffres clés sur le harcèlement au travail
Le harcèlement au travail est un problème préoccupant qui affecte de nombreux salariés à travers le monde. Voici quelques chiffres clés qui mettent en lumière l’ampleur de cette problématique :
Prévalence mondiale : Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), environ 1 travailleur sur 3 dans le monde déclare avoir été victime de harcèlement au travail à un moment donné de sa carrière. Cette statistique alarmante souligne l’ampleur mondiale du problème et l’importance de prendre des mesures pour y remédier.
Prévalence du harcèlement sexuel : Selon une enquête menée par l‘Union européenne, près d’1 femme sur 5 a été victime de harcèlement sexuel au travail. Ces chiffres mettent en lumière la persistance des inégalités de genre sur le lieu de travail et la nécessité d’adopter des mesures pour protéger les travailleurs contre ce type de comportement inacceptable.
Impact sur la productivité : Le harcèlement au travail peut avoir un impact significatif sur la productivité et le bien-être des employés. Une étude réalisée par la Harvard Business Review estime que le harcèlement au travail peut entraîner une baisse de la productivité allant jusqu’à 40% chez les victimes, en raison du stress, de l’anxiété et de la perte de concentration associés à cette situation.
En conclusion, le harcèlement au travail demeure un problème sérieux qui affecte la santé mentale, le bien-être et la productivité des travailleurs à travers le monde. Les chiffres clés présentés dans cet article soulignent l’ampleur de cette problématique et la nécessité d’agir pour y remédier. En adoptant des politiques de tolérance zéro, en fournissant des formations sur la prévention du harcèlement et en encourageant une culture du respect et de l’inclusion, les entreprises peuvent contribuer à créer des environnements de travail sûrs et respectueux pour tous.
Si vous souhaitez obtenir des conseils personnalisés sur la manière de prévenir le harcèlement au travail dans votre organisation, n’hésitez pas à contacter notre cabinet ELEAS.
En tant qu’experts en conseil et formation en matière de qualité de vie au travail, de risques psychosociaux et d’inclusion, nous sommes là pour vous accompagner dans cette démarche importante. Contactez-nous pour en savoir plus sur nos services et découvrir comment nous pouvons vous aider à créer un environnement de travail sain et épanouissant pour vos employés.
Prévenir le harcèlement s’inscrit plus largement dans une politique globale de qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). En agissant sur l’organisation, le management et le dialogue social, les entreprises créent un environnement favorable au respect des personnes et à la prévention durable des risques.
👉 Pour aller plus loin : QVCT : Définition, enjeux et conseils pour la mettre en œuvre efficacement